Quantcast
Channel: Le boulevardier, blog mode de VQ & Lilzeon » histoire de la mode
Viewing all articles
Browse latest Browse all 3

Une introduction à l’histoire de la mode britannique par Beatrice Behlen (Museum of London)

$
0
0

Lors de la dernière semaine de défilés de mode masculine « London Collections: Men », nous avions été impressionnés par l’implication de tous les acteurs britanniques, institutions culturelles comme acteurs économiques, afin de promouvoir le savoir-faire made in Great Britain. L’engagement du « Museum of London »envoyait un signal fort: enfin le monde de la mode décidait de s’ouvrir au grand public, non pas pour lui vendre du kilomètre de fripes en solde mais bien pour le faire entrer dans les coulisses des créateurs. Nous avons eu la chance d’interviewer Beatrice Behlen, conservatrice du Museum of London au département Mode et Arts Décoratifs  afin de mieux comprendre la petite révolution en cours…

Comment se positionne la mode britannique par rapport aux autres grandes capitales du style comme Paris ou New York?

En dépit de la globalisation, Paris, New York et Milan parviennent à maintenir une identité et un style qui leurs sont propres. La mode britannique est plus fun, plus irrévérente, plus influencée par la rue que la mode continentale ou américaine. C’est une tendance qui a commencé à Londres dès les années 60. Avant, dès le milieu du XIXème siècle, la Grande Bretagne était connue pour son façonnage, son tailoring. Et pas seulement pour les hommes. Les femmes sont venues ici pour commander leurs country tweeds et leurs costumes de cavalières. Même dans des périodes où toute l’Europe était inspirée par le style français, la Grande Bretagne maintenait son originalité, et ce autour de deux grandes inspirations : l’amour de la nature et la campagne, plutôt que les cultures urbaines.

Est-ce que la mythique Savile Row fait partie de l’Histoire?

En ce moment, Savile Row est clé. Même si très peu de gens peuvent se permettre de s’offrir des costumes bespoke ou sur-mesure, cela permet de créer un référent en termes de maîtrise du métier et des proportions; cela permet aussi de pouvoir se rebeller contre l’institution et de la subvertir. Nous vivons dans une époque assez conservatrice, ce n’est donc pas surprenant que Savile Row fasse son grand retour. Non pas que le costume ait disparu, mais il semblerait que les publics plus jeunes l’adoptent plus rapidement que les précédentes générations…

 

© London Evening Standard

Les tenues de la Duchesse de Cambridge entreront-elles au musée un jour?

Elles le seront très certainement. Nous ne dirions pas non si on nous le proposait au Museum of London! La Royal Collection est beaucoup trop au fait de l’importance des expositions de mode pour nous céder cette opportunité; et elle a organisé de multiples événements à Buckhingham Palace, notamment autour de la robe de mariage tristement célèbre de la Duchesse…Je serais plus intéressée de découvrir les tenues des fans de la Duchesse…par exemple une robe qui aurait été achetée parce que la Duchesse a porté quelque chose de similaire…Ce sont les histoires derrière les vêtements et les tenus qui m’intéressent le plus.

Quel est le rôle d’un musée dans l’industrie de la mode britannique?

Les musées sont à la fois des promoteurs et des conservateurs de la mode. Nous souhaitons documenter le développement de la mode, et plus généralement les tenus de tous les jours. Un de nos objectifs est de faire en sorte que nous collectionnons et préservons correctement les bons objets. Et évidemment, mettre en lumière des créations contemporaines est aussi une façon de les promouvoir. Les designers de bijoux de notre exposition « Made in London: Jewellery Now exhibition » sont aussi présentés dans la boutique du Musée. Néanmoins, nous faisons en sorte que la façon dont l’exposition est conçue ne ressemble pas à une simple boutique de bijoux. Nous souhaitions créer des mini-installations qui permettent aux visiteurs d’entrer dans l’esprit et les univers créatifs de 7 jeunes créateurs londoniens. Il y a un danger à être trop impliqué dans ce qui se passe aujourd’hui. Nous ne voulons pas perdre notre sens critique.

Qu’est-ce qui a changé dans la façon dont on opère le métier de curateur de mode?

Il y a plus d’emphase sur la mode contemporaine. C’est dommage qu’il n’y ait pas plus d’expositions au sujet des robes du XIXème siècle, ou même sur des périodes antérieures. C’est quelque chose qui semble plus fréquent en France ou en Allemagne. On dirait qu’il y a une crainte que les visiteurs ne puissent comprendre la mode s’ils ne peuvent trouver des analogies avec le temps présent. Je ne suis pas vraiment d’accord…L’utilisation des films est aussi un énorme bouleversement. Je me rends compte que ça semble complètement naturel aujourd’hui, alors qu’il y a vingt ans, nous n’avions pas la technologie pour l’opérer à grande échelle. Il y a toujours eu un problème avec la mode : il faut la montrer sur des mannequins statiques. Le challenge est de dépasser ces restrictions, en mettant en oeuvre des collections dynamiques.


Viewing all articles
Browse latest Browse all 3

Latest Images

Trending Articles





Latest Images